a) Valoriser des créations artistiques inconnues ou peu connues
 L’histoire de la musique dans la Grande Guerre reste à écrire. La musique jusqu’à ce jour, a été le parent pauvre des recherches historiques sur la guerre. La première initiative pour combler cette lacune revient à l’association Megep, organisatrice à Dax, le 6 mai 2005, de la première journée d’études universitaire "Musiciens dans la Grande Guerre". Cet événement anticipait de 2 ans la journée d’étude "Musique et Guerre" à l’Historial de Péronne, le 9 juin 2007.
 Lucien Durosoir, violoniste concertiste jusqu’en 1914, mobilisé comme simple soldat de août 1914 à février 1919, composa, entre 1920 et 1950, un important corpus d’œuvres (40 titres au catalogue) de musique de chambre et de musique symphonique, dans les formations les plus variées.

 Certaines oeuvres d’André Caplet sont restées inédites

b) Faire connaître des mémoires de guerre inédits

 Le violoncelliste Maurice Maréchal a écrit des Carnets de guerre (cf. livre "Deux Musiciens dans la Grande Guerre") découverts par sa fille Michèle Maréchal-Trudel.

 Lucien Durosoir a écrit quotidiennement à sa mère durant les quatre années de la Grande Guerre : quelque 1500 lettres (cf. livre "Deux Musiciens dans la Grande Guerre") qui témoignent puissamment des conditions de vie des poilus, fournissent des détails multiples sur la guerre au quotidien, la vie de la Ve Division (Division Mangin) au repos comme en première ligne, l’alimentation des troupes, les coups durs, la solidarité, la vie des brancardiers, des colombophiles, des musiciens et les événements les plus dramatiques. Publiées partiellement dans Deux Musiciens dans la Grande Guerre

c) Mettre au jour des échanges entre artistes combattants

 Cette même correspondance s’étend à d’autres artistes ou bien relate les relations entre musiciens appartenant à une même compagnie : témoignages sur la création artistique, sur la préparation de concerts pour l’état-major, sur le travail de fondation d’un quatuor à cordes en guerre.

 André Caplet a écrit à Lucien Durosoir une soixantaine de lettres (cf. Documents) . D’autres lettres, avec d’autres musiciens, viennent compléter cette collection.

d) Réfléchir sur les conditions de la réinsertion des artistes après la guerre (cf. livre "Lucien Durosoir un compositeur moderne né romantique")

 Maurice Maréchal, de quinze ans plus jeune que Caplet et Durosoir, a pu reprendre le violoncelle après sa démobilisation et poursuivre une carrière prestigieuse de soliste international et professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.

 L’œuvre de André Caplet (prix de Rome de composition en 1901) commencée avant 1914, a été, pour des oeuvres majeures, continuée au retour de la guerre.

 Lucien Durosoir, ayant renoncé à sa carrière de virtuose, a composé la totalité de son œuvre après la démobilisation et, pour des œuvres majeures, dans le sud-ouest de la France.

e) Susciter des travaux universitaires historiques et musicologiques

 la correspondance de Lucien Durosoir est celle d’un lettré et d’un esprit critique. Il partage la vie des soldats et en rend compte avec une minutie et une exactitude remarquables. Cette correspondance croisée (totalement conservée) d’un fils et de sa mère constitue pour les historiens un fond d’une richesse exceptionnelle.

 les Carnets de guerre de Maurice Maréchal présentent la réflexion intime et solitaire d’un très jeune artiste soudainement immergé dans la violence et la barbarie.

 la musique de la première moitié du XXe siècle français est dominée par les personnalités de Saint-Saëns, Debussy, Fauré, Ravel. D’autres compositeurs ont vu leur carrière brutalement interrompue par la guerre ; dans leur isolement, ils n’ont pas bénéficié des échanges culturels qui fondent le style d’une époque et, revenus à leur création, ils ont pu montrer une indépendance et une originalité créatrices hors du temps et du commun de leur temps : ceci semble être le cas de Lucien Durosoir et une étude musicologique (cf. livre "Lucien Durosoir un compositeur moderne né romantique" approfondie peut évaluer l’importance de cette probable originalité créatrice.